Bonjour à tous,
Nous sommes en Septembre,
c’est la rentrée et c’est également le retour de la chronique manga.
Aujourd’hui c’est inhabituel
car je ne vais pas vous présenter une série achevée mais une série qui
débute :
Scénario : Tony Valente
Dessins : Tony Valente
Synopsis :
Seth un jeune adolescent
intrépide, est un apprenti sorcier, il est un des rares à avoir survécu au
contact d’un Némésis, des créatures venues du ciel et qui tuent tout sur leur
passage. Seules les personnes possédant un don pour la sorcellerie peuvent les
toucher sans être infectés.
Il s’est mis en tête non
seulement de les combattre mais également de trouver leur source (dont personne
ne sait vraiment si elle existe) appelée le « Radiant » et de la
détruire.
Il part donc en quête de ce
mythe épaulé par la suite d’autres jeunes sorciers et sous la menace de l’inquisition,
les forces armées de ce monde.
Ce manga de Tony Valente un
artiste français (cocorico !) est publié depuis juillet 2013 en France par Ankama, il compte aujourd’hui 3 volumes. Depuis août dernier il est également publié au Japon
sous le nom de « Asukashinsha » et devient ainsi le premier manga français à être publié dans l'archipel Nippon. A noter qu’il était déjà en rupture
de stock le 04 septembre.
Tout d’abord un mot sur l’auteur,
il a débuté sa carrière dans la bande dessiné classique, il signe en tant que dessinateur
aux éditions Delcourt la série : Les Quatre Princes » puis aux
éditions soleil toujours en tant que dessinateur uniquement :
« S.P.E.E.D Angels » et sa première série solo : « HanaAttori ». Aujourd’hui il travaille donc
sur « Radiant » en tant que scénariste et dessinateur.
Un Shonen à la
Française :
Le terme « Shonen »
a un peu dévié de sons sens premier qui signifie en japonais
« adolescent » et qui désigne finalement la cible éditoriale. Lorsque
je dis « Shonen » je parle en réalité de Nekketsu pour les puristes
(mais les 2 termes sont assez liés car au final les « Nekketsu » sont
très souvent des « Shonen »). Ce terme qui signifie littéralement en
japonais « sang bouillant » désigne un genre de manga, très axé
baston, qui raconte la quête initiatique d’un héros, souvent un jeune garçon et en général avec beaucoup d’humour.
Ce type de manga présente un
certain nombre de codes que l’on retrouve dans Radiant. Seth est l’archétype du
héros de Nekketsu, il est honnête, déterminé, différent (il possède des
cornes), il a un passé douloureux, il possède des capacités hors norme, il peut
se surpasser lorsqu’il est sur le point de perdre...
Nous sommes donc face à un
Shonen/Nekketsu présentant tous les codes du genre, mais Tony Valente apporte
une petite touche supplémentaire en traitant avec plus de profondeur certains
thèmes souvent effleurés dans les "Nekketsu" classiques, notamment la différence
ou l’exclusion (thèmes déjà abordé auparavant par l’auteur). Les sorciers sont
considérés comme des pestiférés de par leur différence physique et ils
inspirent la peur. L’analogie avec l’immigration en France est toute trouvée,
j’en veux pour preuve certaines répliques du Général Konrad de Marbourg où il
utilise des termes comme : « Karcheriser », « les
barbus ». On peut lire également « les blancs envahies par des immigrés ».
Cette histoire peut également nous faire penser à la chasse aux sorcières de
Salem au XVI siècle, l’auteur s’en est très certainement inspiré.
Ces questions relatives à
notre société ou s’inspirant de faits historiques marquants donnent un fond
plus grave à un style souvent léger.
Bien évidemment l’humour est
omniprésent dans Radiant, souvent très pipi/caca, mais cela fonctionne toujours
autant et permet d’adoucir le propos.
On retrouve également de
nombreux clins d’œil à d’autres Shonen/Nekketsu comme Dragonball avec pour
exemple Melie qui est atteintes d’un syndrome très semblable à celui de Lunch,
mais aussi City Hunter avec les punitions d’Alma façon Kaori, ou encore
d’autres comme, Bleach, Blue exorcist… Il y a également des inspirations en provenance
de jeux vidéo comme Skies of Arcadia sur Dreamcast avec les ilots flottants
dans les airs ou de comics comme les Xmens pour le côté mutant.
Bref nous sommes face à un
Shonen qui s’inspire des plus grands sans les plagier, il apporte une
profondeur supplémentaire sans pour autant révolutionner le genre. Cerise sur
le gâteau pour nous Français, il n’y a pas de traduction douteuse puisqu’il s’agit
de la langue originale.
Un dernier point à noter c’est
que nous n’en sommes qu’au tome 3 et d’après son auteur interviewé par l’atelierQRB, ce n’était qu’une mise en bouche, l’intrigue démarre réellement à partir
du tome 4. Et à en juger par la dernière page du tome 3 l’histoire nous réserve
beaucoup de surprises.
Un style graphique
« Nippon » :
Parlons maintenant un peu
technique, dessin et réalisation. En feuilletant le livre ce qui frappe c’est
que ce manga aurait très bien pu être japonais. Tony Valente n’a rien à envier
à ces homologues Nippons, il est un des rares français à manier aussi bien la
plume G, plume emblématique des mangakas japonais. Les dessins sont travaillés,
les traits sont vifs, la mise en scène est dynamique, les arrières plans sont
fouillés et fourmillent de détails. Parfois on se croirait dans ces films des
années 90 comme Y’a-t-il un flic pour sauver la reine ?... où si l’on
regarde de plus près on peut voir une scène comique se déroulant au second plan
et qui nous avait échappé la première fois.
Autre point notable c’est la
très faible utilisation de trames, tout ou presque est fait à la plume, il n’y a
pas de tramage à outrance comme on peut le constater dans certaines œuvres.
Enfin l’auteur se paye le luxe
de réaliser son manga dans le sens japonais ce qui nous Français ne nous
dérange plus et qui facilite grandement l’exportation.
Pour aller plus loin : Le
Manga en France et le Manga Français :
En préambule il est important
d’avoir en tête que la France est le second marché au monde (bien loin derrière
le Japon). Récemment nous avons même pu voir une initiative du ministère de l’agriculture
pour promouvoir l’enseignement agricole (cliquer sur l'image pour lire l'article)
qui montre bien que le manga fait aujourd'hui partie intégrante de notre société.
Tout d’abord un rapide
historique. Tout commence en 1993 avec la parution en kiosque de Dragonball en
version ½ tome chez "Glénat", le marché évolue ensuite dans les années 96-99 avec
l’arrivée de nouvelles séries à succès des années 80-90 (club Dorothée) comme Saint Seiya chez Kana, City Hunter et Hokuto no Ken… édités par "J'ai Lu" (Paix à son âme) En 1999 c’est la première Japan Expo qui marque le début de l’âge
d’or des mangas en France. En 2005 un palier est franchi, le nombre de mangas
édités devient supérieur à celui des albums traditionnels.
Aujourd’hui ce marché est en léger déclin et la BD traditionnelle tend à reprendre sa suprématie de par le nombre d’œuvres éditées 60% environ contre 40% pour les mangas. De plus il faut noter que ces 40% sont en grande partie dus à une dizaine de titres tels que Naruto, One piece, Fairy tail, Bleach…
Aujourd’hui ce marché est en léger déclin et la BD traditionnelle tend à reprendre sa suprématie de par le nombre d’œuvres éditées 60% environ contre 40% pour les mangas. De plus il faut noter que ces 40% sont en grande partie dus à une dizaine de titres tels que Naruto, One piece, Fairy tail, Bleach…
Cette concentration du marché
sur quelques titres fleuves tend à faire régresser les ventes car ces séries de
plus de 50 tomes recrutent de moins en moins de lecteurs mais sont devenues
vitales pour leurs éditeurs, ce qui pourrait les amener à réduire fortement l’offre
pour se concentrer sur des séries à profits. A noter que le rythme de parution en
France des mangas étrangers a quasiment rattrapé celui des pays d’origine et ce
rythme soutenu au niveau des traductions laisse de moins en moins de place à la
nouveauté.
C’est dans ce cadre que doit
survivre le « Manga Français ». Pour votre culture, il est parfois
aussi appelé « Manfra » ou « Franga », contraction des
termes « franco-belge » et « manga », cette catégorie
désigne les œuvres de bandes dessinées réalisées par des auteurs francophones
et qui ont une tendance « Manga », que ce soit dans le format, le
dessin, ou la narration.
Très peu d’œuvres sont
classifiées en tant que telle, mais les plus connues à ce jour sont : CityHall de Rémi Guérin, Dofus, Radiant toutes trois éditées par Ankama, ou encore
Dreamland de Reno édité par Pika. Si vous suivez ce lien vous trouverez une
liste plus exhaustive de ce qui existe.
Concernant le manga Français, Il
faut bien avoir en tête que notre système est complètement différent de celui
du Japon que ce soit en terme de méthodes de travail, mais aussi de système d'édition. Au Japon le rythme demandé par chapitre est très souvent hebdomadaire
dans des magazines de prépublication comme le "Weekly Shonen Jump", et de ce fait
les mangakas japonais ne travaillent pas seuls. Il y a toute une équipe d’assistants.
Le dessinateur s’occupe de faire les pages définitives au crayon, parfois il
réalise l’encrage mais c’est très souvent le travail d’un assistant, un autre
va s’occuper du tramage, un autre encore des paysages et des fonds. Il n’est
pas rare d’avoir 4 à 5 personnes sur un même manga. En France les auteurs font
tout, tout seul, Tony Valente s’occupe à la fois du scénario mais aussi du
croquis, de l’encrage, des trames, des paysages, de la colorisation des pages, de la couverture, et des textes. De ce fait le rythme de parution est
rarement de plus d’un tome par an soit une dizaine de chapitres maximum. Et c’est
déjà beaucoup car un tome prend jusqu’à 8 mois de travail à temps plein! Il est
clair que dans ces conditions la qualité du manga est primordiale car il faut
faire attendre ces fans près d’un an entre chaque tome.
Dans ce contexte concurrentiel
où les moyens mis en œuvre ne sont pas les mêmes, on peut aisément comprendre
qu’il est difficile pour le Manga Français de se faire une place et il est d’autant
plus gratifiant de voir des œuvres comme Radiant traverser les frontières.
Nous sommes donc face à 2
systèmes, l’un va produire des mangas en masse et inonder le marché, mais on va
pouvoir lui reprocher une certaine « stéréotypisation » en terme de
construction et de narration, cela du au rythme hebdomadaire de parution qui impose d’avoir à chaque chapitre un
suspense final pour donner envie de lire la suite la semaine d’après. Il y a
également un système de votes qui permet de décider du sort d’une série ce qui
a tendance à amplifier ce phénomène. Au contraire notre système sans prépublication,
directement en tome entier une fois par an, offre plus de libertés dans la
narration, mais le peu de sorties mensuels peut noyer ces œuvres parmi toutes
les autres.
En conclusion, le manga en France
bien qu’en léger recul tient une part importante du chiffre d’affaire des
éditeurs et le manga Français qui en est à ses balbutiements va devoir miser
sur la qualité et l’innovation pour s’octroyer une part du gâteau.
En Bref :
Vous l’aurez compris je vous
recommande chaudement cette série, c’est un très bon nekketsu même si l’histoire
est encore inachevée et il comblera parfaitement vos attentes. D’autre part je vois également cela comme un soutien aux auteurs Français.
Alors allez y foncez !
Je lui attribue la note de 4/5
et j’espère que la suite ne fera que me conforter.
Pour finir voici mon fanart
dont le line est à la main et la colorisation sous manga studio.
Vous le retrouverez évidemment
dans la section Fanart.
Merci à tous d’avoir lu cette
longue chronique et si cela vous a plus partagez la.
A bientôt.
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